Foin précoce traité à l’acide propionique Une alternative économique à l’enrubannage et l’ensilage

Le foin précoce, traité à l’acide propionique, produit un fourrage avec une valeur azotée supérieure à celle des foins traditionnels (cf. tableau) et équivalente à celle des ensilages, voire meilleure en ce qui concerne la valeur Pdin (protéines digestibles dans l'intestin permises par l'azote de la ration). Cette conclusion est le résultat du suivi, par l’Etablissement départemental de l’élevage (Ede63), d’une exploitation puydômoise pratiquant cette méthode de récolte depuis 2003. 

	UFL		PDIE		PDIN		UEL
Foin précoce de l'exploitation suivie 2010	0,74	Diff.	86	Diff.	89	Diff.	1,04
Foin traditionnel, moyenne départementale 2010	0,61	-0,13	65	-21	57	-32	1,04
Ensilage PP, Demi-montagne (Auvergne), brins courts sans conservateur (Inra, 2007)	0,92	0,18	88	2	65	-24	1,15

 

Un investissement de 2000 € est nécessaire pour réaliser cette technique. (© Terre-net Média)

Le principe est simple. L’acide propionique, déjà présent à l’état naturel dans la panse des ruminants, est appliqué directement sur l’andain de foin pendant le bottelage. Ce conservateur, homologué en agriculture biologique, va inhiber le développement des bactéries et des moisissures responsables de l’échauffement néfaste et dangereux des fourrages.

Avec cette technique, le foin peut être récolté dès que le stade "70 % de matière sèche" est atteint. Il continuera de sécher une fois pressé.

La quantité d’acide propionique est raisonnée en fonction du degré d’humidité du foin recherché. Elle est de 5 l/tonne pour du foin récolté entre 70 et 75 % de MS et 4 l/t entre 75 et 80 % de MS car un foin plus sec est moins propice au développement des bactéries échauffantes. Le coût de ce traitement par rapport à du foin traditionnel est estimé entre 10 et 12,5 €/tonne de foin.

Un investissement de 2000 €

La technique nécessite un investissement de l’ordre de 2.000 € (kit applicateur d’acide propionique composé d’une cuve et d’injecteurs). L’investissement dans une sonde hygrométrique est également conseillé pour évaluer avec précision l’humidité encore présente dans le fourrage.

Alors que dans les exploitations de type herbager le coût de
          - l’enrubannage de foin est estimé à 112 €/t MS,
          - celui de l’ensilage d’herbe à 116 €/t MS 
          - et celui du foin à 88 €/t MS,
le foin précoce traité à l’acide propionique, qui engendre un surcoût estimé entre 12,5 et 15,5 €/tonne de Ms, reviendrait à environ 102 €/t MS. 
Cette technique se révèle être une alternative économiquement avantageuse par rapport aux modes de récolte cités.

Le temps de fenaison est également réduit. Les risques d’altération du fourrage par la pluie ou un excès de soleil sont donc diminués.

Conseils pratiques et techniques : - Faucher suffisamment haut - Stockage : préférer le filet pour assurer une meilleure tenue et un hangar bardé sur trois cotés, ce qui permet une bonne ventilation et le maintien des balles qui ont tendance à se déformer en séchant. Ne pas empiler sous une bâche, risque de condensation fort. - La première année, traiter seulement une partie du foin et mesurer l’évolution des températures des balles, pour se créer des repères. - Les  étapes à respecter pour réaliser un foin précoce sont : - J0 : Fauche à 7 cm suivie rapidement du 1er passage de pirouette - J1 : 2ème passage de la faneuse - J+2 : Andainage et bottelage. Si la main d’œuvre disponible le permet, presser directement après la mise en andain. Il faut s’assurer que la quantité en matière sèche est bien d’au moins de 70 %. - J+10, il est conseillé de rentrer les bottes une dizaine de jours plus tard, pour qu’elles puissent continuer de sécher ou de les entreposer dans un hangar aéré.

 

Pour aller plus loin : Les conseils à suivre pour l'optimisation des réglages du matériel de fenaison